J’ai tout quitté, ou presque, pour vivre vraiment


-- - 01/12/2019

Je me connais mieux aujourd’hui, du moins je me connais autrement et j’ai d’autres attentes, d’autres envies pour mon futur.

Je m’appelle Benoît, j’ai 40 ans. Jusqu’en 2010, j’ai été un soldat modèle, diplômé d’école d’ingénieur à 22 ans en 2002 et embauché avant même la fin de mon stage de fin d’étude par mon employeur, un petit cabinet de conseil (à Paris), je travaillais beaucoup au service de mon entreprise et mes clients.

En 2006, reconnu pour mon professionnalisme, j’ai eu l’opportunité de rejoindre un client, une entreprise exigeante dans laquelle on m’a confié pour 2 ans un beau projet et de belles responsabilités, j’étais libre et autonome sur ce poste et l’expérience bien qu’éprouvante a été concluante et très satisfaisante à titre personnel. A tel point que cet employeur a souhaité me conserver et m’a confié un nouveau projet, mais avec beaucoup moins d’autonomie cette fois, en raison de la nature du projet.

Et j’ai dû faire face alors à une supervision hiérarchique par des incompétents, ce qui a conduit à beaucoup de tension, de frustration, de la charge inutile et in fine à de la déception et de la colère car je me sentais seul contre tous.

D’autres solutions que de se jeter d’un balcon

J’ai donc choisi de démissionner car j’habitais alors au 8ème étage d’un immeuble et parfois je regardais par-dessus mon balcon en me disant que ce serait une solution pour mettre fin à cette situation source de mal être. Je m’étais alors dit qu’il n’était pas question d’en arriver là et que je ne me laisserai pas user de la sorte par le système, qu’il y avait d’autres solutions que de se jeter d’un balcon, j’avais pas mal d’économies de surcroit, et ainsi j’ai démissionné.

Après quelques mois de remise en condition morale, j’ai décidé de m’octroyer une année entière de détente, dont des voyages. Alors ignorant des voyages de plus de 2 ou 3 semaines et en solitaire de surcroit, j’ai commencé, non sans appréhension, par un voyage itinérant en Asie du sud-est. Cela a été pour moi une révélation totale.

J’ai découvert ce que le mot liberté signifiait

En effet, je me suis rendu compte, que voyager en mode « backpacker » n’était pas si compliqué, qu’on n’était en réalité pas seul du tout car il y avait PLEIN d’autres voyageurs et aussi que j’adorais ça. J’ai rencontré surtout des voyageurs car l’écart culturel (langage, attitude, sollicitations financières, mode de fonctionnement…) avec les asiatiques est tel qu’il est difficile de vraiment échanger en profondeur avec eux.

Toujours est-il que je suis revenu enchanté, j’avais découvert ce que le mot LIBERTE signifiait et comprenait enfin tous les adages du boudhisme (« ta nouvelle vie commence lorsque tu auras pris conscience que tu n’en as qu’une » par exemple) prônant le bien-être physique et moral et non la recherche du profit permanent et de l’opulence. J’ai continué par un long voyage en NZ et en Australie afin de vivre à fond la coupe du monde de rugby en NZ en 2011. Ce voyage restera surement comme le plus beau de ma vie.

Coupe du monde de rugby en Nouvelle-Zélande

J’étais libre, avec un budget conséquent pour un voyageur routard, j’avais des amis autour de moi, j’ai rencontré de nouveaux amis, des locaux au grand cœur, des amantes, une culture ouverte d’esprit, un pays magnifique, et je n’avais aucune pression dans ma tête du fait que je m’étais donné carte blanche jusqu’à janvier 2012. Rentré de mes voyages en 2012, j’étais une machine à rêves, une force mentale à toute épreuve, je me sentais capable de faire n’importe quoi, d’aller n’importe où, je savais que je serai heureux et plus fort que le système !!!

Mais voilà, certaines réalités des pays développés m’ont rattrapé 

Mais voilà, certaines réalités des pays développés m’ont rattrapé. Les lourdeurs administratives (j’avais entamé un processus de demande de résidence permanente au Canada mais le processus est passé de 9 mois à 18 mois alors que je préparais ma demande, c’était trop long pour moi) et le besoin de gagner de l’argent à un moment donné car bien que j’ai démissionné avec des économies conséquentes, le système a une fâcheuse tendance à les consommer très vite lorsque tu chômes, d’autant plus à Paris.

Commençant à angoisser de ne pas savoir quoi faire, où aller, j’ai trouvé mon salut dans le sport, le triathlon dans lequel je me suis trouvé des prédispositions en vélo et un peu en course à pied également (je savais déjà être bon nageur) et un plaisir totalement insoupçonné. Je pratiquais alors beaucoup et cherchais en parallèle autre chose à faire, une autre profession qui me plairait, qui me rendrait heureux car dans tout ça, je m’étais juré de ne pas retourner dans mon ancien métier, chef de projet IT.

Nous sommes durant l’été 2012, j’ai participé à des compétitions, je me suis régalé, mais je me suis blessé et dois arrêter alors que j’étais affuté comme je ne le serai jamais plus.

Lente descente vers la dépression

Et là, cela a été une lente mais sure descente vers la dépression, je ne pouvais plus faire de sport et avais tout mon temps pour affronter mon incapacité à trouver une nouvelle voie. J’ai creusé de mille et une façon, toujours est-il pas de la bonne sûrement ou pas au bon endroit, et me suis confronté à une autre réalité, c’est que notre système ne facilite en rien la reconversion, et encore moins à une époque de crise avec tellement de chômeurs.

J’avais bien des idées mais aucune certitude, j’ai mis des années à prendre conscience de ce qu’était le métier dans lequel je m’étais lancé alors comment savoir qu’un métier duquel on en connait simplement la finalité ou la philosophie mais en rien le quotidien, les contraintes, jeux de pouvoirs éventuels, bref les aspects négatifs j’entends surtout, va nous correspondre ? Impossible pour moi de me décider à prendre une voie plutôt qu’une autre.

Et là, j’ai fait ce que je m’étais juré de ne pas faire : retourner dans mon domaine, mais j’étais démuni, cela faisait 3 ans que je vivais sur mes économies (et cela sans aucune aide) et j’avais besoin de changer d’air, un ami m’en a fait prendre conscience et m’a proposé un poste dans une société qu’il reprenait, nous avons convenu d’un CDD.

Profiter de la vie et recommencer à chercher une nouvelle voie

L’expérience quoique très difficile humainement dans un contexte d’entreprise en quasi faillite autant que pour sa situation géographique éloignée de mon domicile a été bonne pour moi, je me suis rendu compte que j’étais capable de redémarrer comme si je ne m’étais jamais arrêté, enfin presque. J’ai accompli beaucoup plus que ce pour quoi j’avais été embauché, et j’ai aidé un ami à atteindre ses objectifs.

Au final je suis resté quasi un an, j’ai fini éreinté mais pas malheureux, le fait d’être en CDD et d’avoir une perspective de fin est pour moi quelque chose de totalement salvateur, au terme cela prend fin et je peux alors faire autre chose, je suis comme un prisonnier enfin libéré.

Nous sommes alors en été 2014, je voyage un petit peu à la Réunion et rends visite à des amis. Puis je me donne comme objectif de profiter de la vie et de recommencer à chercher une nouvelle voie. Et là, sorti de mes blessures, je reprends la course à pied dans un cadre social mais très sportif, alors je cours et fais la fête, j’en ai profité à fond, en mettant à l’écart ma recherche de voie… étonnant, n’est-ce pas ? Je cours beaucoup de courses, descends mes chronos personnels, cours un marathon puis refais du vélo et un half ironman, je suis en super forme !

Mais de nouveau, blessure, une autre, étrange et impossible à comprendre, à soigner aussi donc, liée à une vieille blessure a priori. Arrêt sportif de nouveau, fin d’indemnités chômage alors je reprends un emploi à côté de chez moi toujours dans le même domaine, un nouvel échec personnel pour moi.

Je n’aime pas mon travail

Mais je suis en CDD de nouveau et bosse à 8 minutes de chez moi à vélo alors je le vis plutôt bien car je sais que cela s’arrêtera là encore. Je n’aime pas mon travail, mais de nouveau j’apporte beaucoup plus que ce pour quoi j’ai été employé initialement.

Mon employeur souhaite me garder à l’issue de mon contrat, qui a été prolongé 4 mois, et me propose 8 postes différents mais il aimait ma liberté et mon franc parler, alors il sait que je ne resterai pas. Dans les raisons de ne pas rester, je vais souligner deux choses : un management qui use ses ressources compétentes et volontaires jusqu’à la corde plutôt que de les protéger et les préserver. Un management qui une fois encore n’est pas totalement compétent et donc organise mal le domaine dont il est responsable ce qui nuit grandement à la productivité et au confort.

Et, deuxième chose, les ressources humaines également dont le pouvoir s’arrête une fois que l’on est employé (car que c’est dur d’obtenir le fameux sésame CDI ou CDD) et qui une fois qu’il s’agit de résoudre les problèmes en interne se cache derrière tout ce qu’elles peuvent pour justifier leur manque de pouvoir et surtout de courage. Je pars de là et je n’ai plus du tout envie de m’investir dans le monde « corporate ».

Perdre mon temps, le gâcher, et je n’ai pas plus précieux dans ma vie à mes yeux

J’y retravaillerai peut-être en mode commando (CDD notamment) mais j’estime que cela n’en vaut pas la peine. A mes yeux et dans mes expériences, les gens sont faux, la plupart en tout cas. Ils ne sont pas humains, pas collectifs, ils ont des objectifs et des enjeux personnels et ils viennent ici pour jouer un rôle, celui indiqué sur leur carte de visite et ils ne veulent pas en en faire plus.

Ils ne sont plus des personnes avec une identité et des valeurs personnelles mais des acteurs, « déguisés » avec leur « costume », qui vont tenter de répondre au mieux aux attentes soumises par leur management afin d’obtenir leur bonus personnel à la fin de l’année. Pour moi, travailler dans ce milieu, faux donc à mes yeux, et bien que cela me rémunère bien, c’est perdre mon temps, le gâcher, et je n’ai pas plus précieux dans ma vie à mes yeux.

Un 1er événement va changer ma vision de la vie

Nous sommes en été 2016, je refais beaucoup de vélo, trop, je me blesse de nouveau et surtout un premier événement va changer ma vision de la vie, je suis à la plage avec ma mère et sans rentrer dans les détails alors qu’elle nage trop loin et a perdu ses forces, je la sauve de la noyade in extremis, je l’avais quasi morte dans mes bras et la verrait passer 5 jours en réanimation dans un état végétatif.

J’ai beaucoup pleuré, pleuré surtout de me dire que j’ai failli la perdre alors que j’aurais pu aller vérifier son état bien plus tôt car j’avais décelé au loin un comportement anormal (mais pour surveiller les affaires onéreuses de ma mère et incertain je n’y étais alors pas allé jusqu’à comprendre qu’elle était bel et bien en train de se noyer), je me sentais tellement coupable.

Passées ces émotions et ma culpabilité, car elle allait beaucoup mieux, j’ai commencé à réfléchir autrement, notamment à me dire qu’il faut que je me mette moins de pression à l’avenir, et que je profite encore plus des moments dont je jouis.

Alors je passe 6 mois/un an de plaisir, de moments entre amis, de sport, de partage, de rire, bref de tout ce que j’aime faire. Et là-dedans il y a le vélo. J’ai envie, tant que je suis en forme, j’ai 37 ans, de faire du sport et de participer à des événements intenses, dont des courses très longues ou avec de gros dénivelés. Alors je prépare l’ardéchoise (230km) et l’étape du tour 2017.

Fauché par un motard

Mais là un 2ème événement marquant survient. Alors que je m’entraine sur la piste cyclable de Longchamp, je suis fauché de plein fouet par un motard qui roulant beaucoup (beaucoup) trop vite perd le contrôle de sa moto et fonce droit sur moi et notre petit peloton. Je chute dans une brutalité hors du commun, reste au sol incapable de bouger 10 très longues minutes après lesquels par miracle j’arrive à me relever.

J’ai mal partout, j’ai beaucoup de colère vis-à-vis du motard, car mon vélo est très endommagé et j’ai très mal mais je n’ai rien de cassé et j’en ai conscience et me sens très, très, chanceux. J’aurais pu mourir ce jour-là, ou pire (à mes yeux) être handicapé à vie, mais non je suis sain et sauf et sans rien de cassé. Mais voilà, le motard m’a donné de fausses coordonnées et là je retrouve la réalité administrative : plainte de police, et je ne suis pas mort alors pour la police ce n’est pas si grave.

Inefficacité des services, laxisme totale de la justice, et j’en veux à tout le système car les dommages sur mon vélo (1200€) ne vont pas être pris en charge avant un ou 2 ans, voire pas du tout en fait, et bien entendu j’ai eu tellement d’hématomes et de commotions malgré tout que j’ai dû arrêter le vélo et n’ai pu participer aux courses. Alors je suis parti me remettre en Thaïlande, au chaud dans les îles pendant 2 semaines.

Tant qu’on est vivant et en bonne santé

Et là-bas, j’ai pu réfléchir et dans tout ça je me suis dit que ce qui compte, le plus important, c’est la vie, et que tant qu’on est vivant et en bonne santé il ne tient qu’à nous (ou presque) de faire ce que l’on peut, ce que l’on doit, pour jouir de son temps sur terre, car le temps au final est pour moi notre bien le plus précieux comme je l’ai dit précédemment, et il passe vite le coquin.

La vie ne tient pas à grand-chose donc il faut savoir profiter au présent, et ne pas toujours reporter ou projeter ses rêves au lendemain. Alors quand je rencontre une belle et bienveillante américaine qui voyage pendant plusieurs mois et qu’elle me propose de revenir la retrouver faire un bout de chemin avec elle et bien je saute sur l’occasion. Je n’ai pas trop aimé ce retour en Asie en raison de la saison des pluies pas appropriée pour profiter des activités extérieures mais j’en garderai de supers souvenirs à vie.

Et bien que mon idylle américaine se soit estompée, j’ai alors envie de repartir vers de nouvelles contrées, je profite d’une opportunité pour sous louer mon appartement à ma petite sœur qui vient en stage à Paris et je pars découvrir l’Amérique du sud, ou plutôt les Andes, objectif les remonter depuis Santiago jusqu’à Carthagène.

Indonésie

Le temps passe vite, très vite, trop vite

C’est un nouveau voyage très riche en rencontres, de voyageurs toujours, et de locaux aussi cette fois. Je ne me serai pas beaucoup posé durant ce voyage en bougeant tous les jours ou 2 jours vers une nouvelle destination, en faisant de nombreux treks et en grimpant quelques bien jolis sommets. Ce voyage m’aura ouvert les yeux sur certaines choses et m’en aura rappelé d’autres :

  • Que j’aime la montagne et la nature et qu’à Paris elle est absente, dans les grandes villes en général.
  • Que j’aime la tranquillité et la paisibilité, les grandes villes bruyantes d’Amérique du sud, les sollicitations incessantes au Pérou ou en Colombie, l’insécurité qui nous rend vigilant en permanence sans même que l’on s’en rende compte, je n’en veux plus. C’est une réalité pour moi, l’âge avançant mes envies ont changé, et j’ai envie de les écouter.
  • Que le temps passe vite, très vite, trop vite, s’il fallait encore le rappeler.
  • Donc que je dois donc vraiment quitter Paris pour de bon, pour Annecy à priori, cette ville m’appelle, les montagnes y sont à côté et je pourrais y faire du vélo et y vivre mes passions et plaisirs, OKLM, je l’espère.

“Ok, je ne travaillerai pas ma 40è année, je voyagerai là où le vent me portera“

Alors voilà, un jour alors que je pense à la suite de ma vie depuis l’Amérique du sud, je me dis, ok je quitte Paris en rentrant, je lâche l’appart et je m’installe à Annecy.

Et puis quelques jours plus tard, repensant à mes voyages, je me dis que je regrette un peu de n’avoir jamais fait de voyage totalement libre, avec juste un billet aller mais pas de billet retour, sans prévoir de parcours mais juste en suivant ses envies. Car oui j’avais toujours fait des voyages organisés avec une date de départ et une ville de départ, une date et une ville de retour, des billets d’avion et un parcours.

Agé de 38 ans à cet instant-là, je me dis : « ok, je ne bosserai pas ma 40ème année et je voyagerai libre là où le vent me portera ». Et pas plus de deux jours plus tard, je me dis « attends, t’es con ou quoi, tu vas partir et quitter Paris, le temps passe si vite, pourquoi attendre ? C’est maintenant ». Et voilà comment avant même de rentrer j’avais décidé de me séparer de presque tous mes biens et de repartir, non plus voyager, mais « vivre » à l’étranger, sans timing, sans délai, sans idées spécifiques, juste en suivant mes envies. Je me suis seulement fixé un budget à respecter.

Fier de ne plus avoir peur

En mars 2018, j’ai tout quitté, vendu presque tout, déménagé le peu que je souhaitais garder chez ma mère. Je suis très fier de moi, fier de m’être enfin détaché de biens matériels, de leur valeur, de leur souvenir, de leur présence. Ils seront toujours là en moi ces souvenirs, mais après cela il y a plus de place pour plein d’autres choses.

Fier aussi de prendre le risque de tout quitter car je sais que ce ne sera pas simple en rentrant, personne ne m’attend, rien ne m’attend, il faudra reconstruire, mais ce n’est pas grave, je sais que j’en suis capable et que le jeu en vaut la chandelle. Je pars avec seulement 2€ par mois de frais en France, mon forfait téléphonique.

Fier de ne plus avoir peur, ces incidents marquants de ma vie me rappellent tous les jours ce qui est important, la chance que j’ai d’être né dans une famille aisée et d’avoir des amis qui m’aideront dans le pire des cas (car je n’aime pas demander et me sentir redevable) mais par-dessus tout, j’ai confiance en moi pour m’en sortir n’importe où, n’importe quand. Alors c’est parti avec un aller simple vers le Suriname (j’ai eu un billet promo air KLM à 87€).

Pour l’anecdote, je suis dans le train pour Cannes quand j’écris ces lignes et dans mon casque à cet instant précis passe ‘one day’ de Asaf Avidan… ça peut paraitre stupide mais dans ce contexte pour moi c’est lourd de sens ! 

Suriname, Argentine, Equateur, Japon, Texas, Vancouver, NZ, Philippines, Indonésie, Birmanie

Je ne vais pas détailler tout mon voyage ici, mais j’ai vécu en Argentine 2 mois, 2 autres en Equateur que j’ai adoré et ou je pense pouvoir aller vivre n’importe quand, là-bas je ne serais peut-être pas totalement comblé mais je sais que j’y serais bien et tranquille. Et puis j’ai quitté l’Amérique du sud après 6 mois car j’en avais assez, j’avais envie de nouveauté alors direction le Japon, et en chemin je me suis arrêté voir des amies au Texas d’abord puis à Vancouver.

Le Japon est un pays que j’ai adoré, je savais que cela me plairait mais pas à ce point, j’y retournerai c’est sûr. Puis je vais voir des amis en NZ, ils sont comme ma famille, ça me fait un bien fou. Et retour en Asie du sud-est, car la vie n’y est pas cher donc on peut vivre et profiter avec pas grand-chose, contrairement aux pays riches.

Je découvre les Philippines, j’aime beaucoup, l’Indonésie que je connaissais déjà en partie puis la Birmanie et là je tombe malade quelques temps, vais me faire soigner en Thaïlande, et je ressens alors profondément l’envie de rentrer, alors je suis rentré après plus d’un an.

Mon année autour du monde m’a coûté au final, tout compris, juste le coût du loyer de mon 40m2 à Paris

Je n’ai jamais été aussi libre durant cette année, pas totalement évidemment car pas libre financièrement bien entendu mais ceci n’a jamais été un frein en rien. Et mon année m’a couté au final, tout compris, tout juste le coût de location de mon 40m² à Paris, no comment…

En rentrant, j’ai moins envie de bouger, j’ai envie de me poser, cela faisait près de deux ans que je bougeais à droite à gauche.

J’ai appris l’espagnol et regrette qu’à l’école les langues étrangères ne soient pas plus valorisées, enfin qu’elles ne l’aient pas été à mon époque en tout cas. Je regrette également que le bien-être physique n’y ait pas été évoqué quand j’étais écolier, étudiant, car j’en ai diablement envie aujourd’hui.

Je rentre avec beaucoup d’envies, car je me suis beaucoup écouté, et j’ai envie de les assouvir, alors je vais le faire et je vais y arriver, coûte que coûte.

La personne que je suis n’est plus la même que celle que j’étais, j’ai appris à vivre simplement et y aspire plus que jamais. Je ne suis plus du tout matérialiste comme j’ai pu l’être, bien que j’apprécie toujours mon confort personnel et les bonnes choses onéreuses.

J’attache beaucoup moins d’importance au regard des autres, à leur jugement, pour ne pas dire plus tout même, je me fiche de ceux qui peuvent me juger, me critiquer. J’ai envie d’être entouré de personnes, vraies, honnêtes et bienveillantes, peu importe nos différences.

On nous donne de l’argent non pas pour vivre, mais pour consommer

Ma vision du monde, de notre système et de notre futur est en revanche très négative. Cela a aussi un impact important dans ma volonté d’aller en quelque sorte m’isoler dans les montagnes.

Le monde est une poubelle, nous le transformons en poubelle et cela ne s’arrêtera pas car même si certains pays riches font quelques efforts, ils ont tellement fait de dégâts et montré le mauvais exemple aux pays pauvres que ces derniers représentant la grande majorité de la population mondiale parachèveront le travail.

Mais le pire pour moi est le système économique de nos pays développés, nous sommes des objets de l’économie financière, on nous donne de l’argent non pas pour vivre, mais pour consommer.

Le système veut nous faire croire que parce que nous avons une sécurité sociale (de la médecine moderne accessible pour le moins), un toit, de la nourriture abondante et du choix, de la culture que donc nous avons de la chance par rapport à ces malheureux pays pauvres !!!

Dans les pays pauvres que j’ai visités, les gens, à partir du moment où ils ont de quoi se nourrir paraissent beaucoup plus heureux

Mais la réalité est que dans de nombreux pays pauvres que j’ai visités, les gens bien qu’ils n’aient en effet rien de ce que je viens de citer, à partir du moment où ils ont de quoi se nourrir, paraissent beaucoup plus heureux, souriants, gentils, généreux et épanouis que la plupart des gens que l’on croise dans nos pays qui sont eux des robots dépressifs et trop souvent agressifs.

Mon constat c’est que dans ces pays pauvres, les gens sont libres, nous sommes à mes yeux prisonniers, prisonniers financièrement.

Et enfin la France pour moi est encore un cran en dessous de beaucoup d’autres pays développés car nos gouvernements successifs, lâches et incompétents, ont laissé la spéculation s’installer sur tous les biens de premières nécessité : habitat, alimentation (l’alimentation saine à minima), l’énergie et l’eau bientôt probablement aussi… et donc la France devient un havre pour les étrangers riches mais de moins en moins pour les français eux-mêmes.

Bref, nous sommes trop nombreux pour cette pauvre planète.

Voilà, maintenant pour ne pas rester que négatif, notre système nous donne par exemple l’occasion de voyager pour presque rien quand on sait bien s’y prendre et de découvrir le monde, les autres cultures, autres civilisations, j’en suis la preuve avec près de 60 pays visités.

On peut aussi y voir une opportunité en or de se donner la chance de sortir d’un destin tout tracé (être né en France et y rester toute sa vie) en découvrant des endroits qui nous correspondent en fait mieux et décider pourquoi pas de s’y installer. Je rappelle que l’Europe est chez nous, nous pouvons aller n’importe où, n’importe quand et y rester !

Jouir de notre présent au maximum

En bref, le monde est à nous, nous français ou européens donc pour le moins, nous sommes une génération qui est contrainte de vivre au présent, construire pour nos enfants et leurs enfants n’est presque plus possible mais quelque part c’est peut être une chance car puisque l’on doit tout consommer sous peine de se le faire prendre, autant en avoir pleinement conscience et jouir de notre présent au maximum sans trop se soucier du lendemain.

Et si j’ai choisi de donner une dernière chance à la France pour ma part, c’est que certains plaisirs du quotidien sont encore trop importants dans ma vie pour que je fasse pour le moment une croix dessus : notre gastronomie et nos vins (propres) plus particulièrement. Cela peut paraitre anodin mais c’est un plaisir de tous les jours pour moi qui aime faire les courses et cuisiner.

Je ne me contenterai plus jamais de subir le système trop longtemps

Mais le fil est étroit et s’il casse, j’ai bien des idées de pays hôtes ou je pense que ma vie sera très probablement plus heureuse. En tout cas, j’essaierais si cela arrivait, je ne me contenterai plus jamais de subir le système trop longtemps, à moins que j’y trouve un équilibre bien entendu.

Je trouve que le train-train quotidien est par moment bénéfique, on n’a plus besoin de penser à ce qu’on va faire, où on va aller. Etre dans une vie stable et régulière permet à mes yeux de se libérer l’esprit, de ne plus avoir à penser trop à l’avenir et juste à vivre le présent tranquillement.

Donc à titre personnel, l’enchainement de phases (de 2 ou 3 ans par exemple) alternant périodes de routine/train-train et périodes plus incertaines/aventurières me plaît bien. Après je suis bien placé pour savoir que sortir d’un train-train est loin d’être évident, il faut en avoir envie c’est sûr mais il faut aussi être capable de mettre un sacré coup de rein pour en sortir.

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