C’est ce qui me permet d’être en paix


-- - 26/02/2023

Entre mes 19 et 32 ans, j’ai fait une cure de psychanalyse. Plusieurs fois par semaine, pendant 13 ans.

J’ai pu me libérer de certains blocages, de culpabilités. Sans cela, je crois que je n’aurais jamais été heureux. Car je n’aurais pas été en paix.

13 ans, c’est long (sourires). C’est presque un tiers de ma vie (j’ai 46 ans). Mon analyse est allée jusqu’à son terme. Ce qui me donne le droit, en théorie, d’exercer aujourd’hui la psychanalyse. Je n’en n’ai pas envie.

Surtout, je ne m’en sens pas capable. Déjà parce que vaincre mes propres résistances* a été un très long travail. Faire ce chemin, pour les autres, ce serait dur. Il faut pouvoir s’y engager pleinement.

Mon métier est un peu à l’opposé de tout ça. Je travaille dans les chiffres, la finance. J’apprécie la rigueur, j’ai besoin de structure.

Alors pourquoi la psychanalyse ? A l’adolescence, j’avais plein d’angoisses. C’est une période qui, pour moi, a été difficile à traverser. Vers 12 ans, je me suis mis à lire tout seul, dans mon coin, et beaucoup. C’était devenu mon refuge.

J’étais un ado très angoissé

J’ai commencé par Balzac, ce qui m’a totalement transporté. J’ai grandi dans la Drôme et, un peu comme Rastignac, je crois que je rêvais d’une autre vie, qui se situerait à Paris (sourires). C’était très clair que je voulais y vivre. Voir tous les théâtres, les restaurants, c’est ça qui me faisait rêver.

Balzac, puis Freud. J’étais un ado très, très angoissé parce que, mes parents avaient eu un bébé qui est décédé après quelques jours. Mon père a fait une dépression. Pendant plusieurs années, il était à terre. Ca a été très dur. Donc j’étais un peu… seul, je cherchais des réponses, et dans sa bibliothèque il y avait des bouquins de Freud. J’ai commencé par en ouvrir un en me disant : “Je vais me soigner moi-même“. Puisque mon père n’est “pas là“.  

Et Freud, la psychanalyse, même si je ne comprenais pas tout, a été une découverte incroyable, déterminante quelque part, dans ma construction. Car je culpabilisais beaucoup. Il y a un bébé qui était mort. La famille n’allait pas bien. Mon père était déprimé. La psychanalyse, avec sa logique, ses raisonnements, venaient tout à coup redonner une extériorité au malheur que je ressentais.

Je commençais, petit à petit, à me dire : « Attends, ce n’est pas de ta faute tout ça ». C’est le psychisme, il a une logique. Avec Balzac, ensuite Freud, je me suis dit : “Ca y est, j’ai trouvé un endroit où je vais pouvoir survivre“.

Un peu plus tard, à 18 ans, j’ai eu une histoire d’amour, qui allait me faire autant souffrir que – mais ça, je ne m’en rendrai compte que bien plus tard – me faire avancer. Cette jeune femme, c’était la fille d’une amie de ma mère, que je voyais en vacances, tous les étés. Je l’aimais.

Elle est partie avec un autre. Et, je ne sais pas pourquoi, ça m’a mis par terre. Complètement. Mais sans force. Et ma mère me voyait, elle me disait : “Mais qu’est ce qu’il y a ?“. J’ai fini par pleurer devant ma mère, ce qui ne m’était jamais arrivé. En tout cas depuis mes 6 ans. On avait un médecin de famille, elle me dit : “Quand même, va le voir, tu n’as plus de force, tu ne fais rien“. Il se trouve qu’il était très intéressé car sa femme était psychanalyste. On était dans une petite ville, c’était la seule psychanalyste. Il avait lui-même fait un peu de psychanalyse.

Donc il m’a pris 5-6 fois, je venais parler ½ heure. Et cela ne marchait pas du tout. Il était derrière son bureau, moi en face, j’étais très stressé. C’était le copain de mes parents, on allait manger chez lui, je connaissais son fils.

Comme je partais faire mes études à Paris, il me dit : “Je vais te faire une lettre pour un psychanalyste. Si tu veux, continues là-bas“. Oui, j’en avais envie. Je me sentais toujours aussi mal (sourires).

2è partie, à lire ici

* La résistance en psychanalyse est le nom donné aux forces psychiques qui agissent pour empêcher les contenus inconscients d’accéder au conscient.

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