Paris 2024, derrière le micro


-- - 15/02/2024

Il se peut que vous le croisiez sur le parcours de la Flamme Olympique de Paris 2024. Steve Kondo animera plusieurs étapes, entre Marseille et Paris. Petite interview derrière le micro. 

Steve, depuis combien de temps êtes-vous derrière un micro ?

Tôt, je dirais juste après l’école que j’ai arrêté très vite, j’étais cancre à l’école. Alors dès que j’ai pu, j’ai commencé à bosser, comme DJ à 16-18 ans. Depuis toujours. Je veux amuser les gens. Je n’ai jamais rien fait d’autre. C’est ma vie.

Pourquoi aimez-vous cela ? 

Petit, devant la télé, je voyais des gens qui applaudissaient quand le présentateur parlait au micro. J’avais ce truc-là qui me fascinait. Moi aussi, je voulais avoir un public devant moi, même si quand on est môme, on ne formalise pas les choses de cette façon.

Et (sourires) à l’âge de 8 ans, j’étais en colonie de vacances. J’ignore pourquoi, mais le dernier jour, le moniteur décide de me confier le spectacle de fin de colo en me disant : “Tiens Steve, ce serait bien que tu présentes, ok ?”. Il ne m’a pas laissé le choix : “Non mais ne t’inquiète pas, tes camarades vont faire des petits trucs, et je ne sais pas, tu appelles Pierre qui fait sa roue, machin qui va chanter, ce n’est pas compliqué”. Il m’a mis sur scène, m’a donné un micro. Et ce jour-là, bon, je n’avais que 8 ans, mais ce jour-là, il s’est passé quelque chose. Je me suis senti tellement bien.

Qu’avez-vous ressenti ?

Ce jour-là, j’ai ressenti  pour la première fois que j’intéressais les gens (mais ça c’est plus par rapport à ma vie). Ce regard, que je n’avais pas eu ailleurs, je l’avais trouvé avec les gens.

A l’école, j’étais mauvais. Au bout d’un moment, les profs ne s’intéressaient même plus à moi. La seule façon que j’avais trouvé pour exister, c’était : faire rire. Je me disais que, si mes camarades rigolaient, ne serait ce que deux secondes, je les avais rendus un peu heureux.

Je me rappelle, une professeure en 6è me rabâchait : “Kondo, ce n’est pas en faisant rire vos camarades que vous allez  réussir votre vie”, “Il faut un vrai métier”, “Il faut travailler”. Tous les jours, j’avais ce regard de prof sur moi, qui me faisait comprendre que, j’étais “bon à rien”. Je n’étais bon qu’en anglais. Donc deux heures par semaine, ça allait. Le reste du temps, j’avais mal au ventre quand j’allais à l’école.

Je n’étais pas un élève indiscipliné. C’est juste que, à chaque fois que je devais aller au tableau, comme je ne savais pas répondre (sauf en cours d’anglais), le seul moyen de m’en sortir, c’était de faire le “con”. Je m’en sortais par des pirouettes, j’avais des punchlines, la classe riait, le prof disait : “bon allez c’est bon, allez-vous asseoir”.

On a convoqué ma mère un jour, je m’en rappelle très bien : “Madame, votre fils il est très gentil, mais on ne va pas pouvoir le garder, parce qu’il prend la petite estrade au tableau, il prend ça pour une scène de théâtre”. Je m’en rappellerai toujours. Ma mère le vivait mal. Moi je savais que, d’une façon ou d’une autre, ça allait être ma vie.

Aujourd’hui, vous officiez à l’Accor Arena, Roland Garros, au Trocadéro, Paris 2024, le Marathon de Paris, entre autres

Je suis comblé de tout ce qui m’arrive. Mais attention, j’étais le plus heureux des hommes quand j’étais DJ, à 18 ans. Je l’étais tout autant comme animateur de soirée, de karaoké. 

Parce que j’avais un public, ils étaient contents, je n’avais rien besoin de plus. 

Sauf qu’un jour on m’a proposé de “monter d’un étage”, j’ai mis un certain temps à l’intégrer.

Grâce à tout ça, je voyage en Suisse, au Portugal, en Guyane, en Martinique chaque année pour le raid des Alizés. “Ambiancer”, que je le fasse devant 3 potes ou devant 20 000 personnes, c’est la même émotion : je suis comme un enfant.

Quel a été votre 1er gros événement ?

La Color Run à Paris, en 2014. A l’époque, c’était une course qui cartonnait aux Etats-Unis, à New York. Ils voulaient lancer le concept à Paris. C’était il y a 10 ans, j’étais animateur dans un karaoké. Donc il faut imaginer, le vendredi soir, je suis dans une salle de karaoké, avec 60 personnes, il y a des gens qui entrent, qui sortent, qui viennent chanter leur chanson. Le dimanche matin, je me retrouve devant 15 000 personnes, face à la Tour Eiffel.

C’était une grosse organisation, les Américains voulaient quelqu’un de connu pour animer la scène, ce qui n’était pas mon cas. Si je me suis retrouvé là, c’est parce qu’une personne (MERCI PHILIPPE) qui bossait sur l’événement, a cru en moi. Il leur a dit, “Ne cherchez plus, j’ai trouvé ce qu’il vous faut”. Cet homme, je lui dois beaucoup. Depuis cette 1ère Color Run, le téléphone sonne. Et quand il sonne, qu’on me dit : “On aimerait bien vous avoir sur cet événement”, je le prends chaque fois comme un cadeau de Noël.

A partir du 8 mai, vous allez suivre le parcours du Relais de la Flamme Olympique de Paris 2024. Vous en serez “la voix” ?

L’une des voix. Je serai sur 31 villes du parcours, la 1ère est à Marseille. La Flamme arrive d’Olympie en Grèce, en bateau (le Belem) il va y avoir une grosse fête dans le Vieux-Port.

Le lendemain la Flamme sera présentée aux Marseillais, elle va traverser la ville jusqu’au Vélodrome. Le 9 mai, on sera à Toulon. Et ainsi de suite au gré des villes-étapes.

Paris, le 14 juillet. Et, le 19 juillet, nous serons dans la ville où, il y a des années, cette prof de 6è me disait, avec dédain : “Ce n’est pas en faisant le clown que vous allez faire quelque chose de votre vie”. J’y ai repensé, en découvrant le parcours de la Flamme.

Ces petits signes doivent montrer une seule chose : quoiqu’il se passe, si tu as des galères, des humiliations, cela peut être très violent. Mais, si tu as quelque chose auquel te raccrocher, une petite étincelle qui brille en toi, fais en sorte que ce soit plus fort que tout.

Qu’est ce qui vous plaît le plus, dans la vie ?

Il faut que j’ai un micro dans les mains, ou qu’il y ait une scène, qu’il y ait des gens devant moi. Et il faut que, le peu de temps que je passe avec eux, il faut qu’ils soient bien, qu’ils s’éclatent. Il faut qu’il se passe quelque chose. Si je donne le sourire aux gens, moi je suis le roi du monde. 

Un petit mot sur le “Taverny Comédie Club” ?

Il y a 3 ans Madame le maire de Taverny (Val d’Oise) Florence Portelli m’a proposé de gérer un Comedie-Club et donner la possibilité à des gens qui n’ont pas confiance en eux, de pouvoir s’exprimer devant un public. Du stand-up, du slam, une poésie, une lecture, peu importe.

C’est ouvert à tous, gratuit, quel que soit l’âge. Tous les 3 mois, on présente un show devant 115 personnes et tous les ans, devant 500 personnes. Ils ont eu ce courage, un jour, de pousser la porte, et quand je vois leur éclosion, c’est magnifique. Il y en a qui n’osaient à peine lever les yeux quand ils parlaient, lorsqu’ils sont arrivés. Les voir quelques mois plus tard s’éclater, s’affirmer, j’en tire autant plaisir que quand je suis sur scène.

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